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Pourquoi la sobriété numérique n’a-t-elle toujours pas lieu ?

Pourquoi la sobriété numérique n'a-t-elle toujours pas lieu ? Dans notre article sur “Comment réduire notre impact numérique au travail” nous avons appris que le numérique est l’un des secteurs qui génère le plus de CO2.

Dans notre article sur “Comment réduire notre impact numérique au travail” nous avons appris que le numérique est l’un des secteurs qui génère le plus de CO2.

Pour autant, nous n’avons toujours pas diminué l’impact environnemental du numérique en réduisant la consommation d’énergie liés aux objets technologiques, au contraire nous appuyons sur l’accélérateur !

Malgré l’urgence, faisons le point sur les causes qui nous empêchent de consommer moins et les (nombreuses !) solutions à mettre en place.

Ce qui nous empêche d’atteindre la sobriété numérique

Les freins règlementaires pour atteindre la sobriété numérique

  • Le manque de réglementation n’incite pas au développement de solutions alternatives.

Exemple : Les différentes taxes d’un pays à l’autre sur la consommation énergétique des data centers n’incitent pas les entreprises à aller vers des activités plus environnementales.

  • Une complexité dans la mise en œuvre de solutions alternatives.

Exemple : Il est difficile de s’auto-approvisionner en électricité d’origine renouvelable, ou même complètement impossible de passer des contrats d’approvisionnement en énergie verte dans certaines régions du monde (Caroline du Nord, Taiwan…).

Autre exemple : Le manque d’attractivité. Les durées de garantie sont moindres à l’achat d’un produit reconditionné qu’à l’achat d’un produit neuf.

  • Un manque d’application de la réglementation existante.

Exemple : Certaines entreprises importent des terminaux et font de la fraude à la TVA, ce qui pénalise les ventes de terminaux reconditionnés, réutilisés…

Les freins sociaux et sociétaux pour atteindre la sobriété numérique

  • Un manque de connaissance sur le sujet du numérique responsable.

Exemple : L’imaginaire autour du « cloud » développé par le marketing notamment ont participé à rendre les impacts numériques invisibles et donc à une utilisation illimitée en contradiction avec la pollution numérique engendrée.

  • Des limites psychologiques.

Exemple : les consommateurs prêtent moins d’attention à un équipement informatique en location qu’à leurs propres terminaux. Ces limites participent à la diminution de la durée de vie des équipements.

  • Une incompatibilité du numérique responsable avec d’autres enjeux sociétaux.

Exemple : La limitation de l’impact numérique ne doit pas se faire au détriment de l’égalité d’accès au numérique. Ou encore l’incompatibilité du numérique responsable avec les enjeux de croissance.

Les freins techniques pour atteindre la sobriété numérique

  • Un périmètre numérique trop complexe.

Exemple : les impacts du numérique sur l’environnement sont très dépendants des usages et de l’évolution des technologies, ce qui rend rapidement obsolètes les modèles d’analyse du cycle de vie.

Autre exemple : les études sont souvent exprimées en équivalence carbone, mais ne prennent pas en compte les émissions indirectes non liées à l’énergie.

  • Un manque de données fiables.

Exemple : Certaines données liées aux étapes d’approvisionnement et de fabrication sont difficiles à collecter, car trop complexes ou variables. Le fait que les données ne soient pas harmonisées, référencées et disponibles facilement ne permet pas aux différents acteurs de se baser sur des chiffres communs et de comparer leurs résultats, d’une ville à une autre par exemple.

Les freins économiques pour atteindre la sobriété numérique

  • Peu de demandes client pour le numérique responsable

Ce qui ne force pas les prestataires de services à penser des solutions éco-conçues. Le peu de concurrence que cela engendre n’incite pas non plus les acteurs du marché à innover pour diminuer leur consommation énergétique. Enfin le ré-emploi ou le re-conditionné peine à convaincre face à la faible différence de prix avec le neuf. Le discours et l’imaginaire aussi du ré-emploi n’est pas aussi « sexy ».

  • Un manque de moyens humains, de compétences et de temps

Peu de personnes formées sur le sujet pour penser casser les codes du modèle de business-as-usual et faire véritablement avancer le sujet.

Les solutions pour comprendre et amorcer le changement

Les solutions réglementaires

  • Développer le rôle des pouvoirs publics et encourager le numérique responsable

Exemple : La commande publique peut servir de 1er levier pour encourager le développement d’offres en faveur du numérique responsable. Mais aussi encadrer la vente de terminaux pour la surconsommation, communiquer plus facilement via la mise en place de labels européens (”Bas carbone”, “qualité reconditionné”), rallonger la garantie constructeur à 10 ans pour inciter à la réparation etc.

  • Lutter contre la fraude à la TVA et le dumping fiscal

Exemple : Récompenser les acteurs qui proposent des équipements numériques reconditionnés (ou issus du réemploi) par des taux faibles de TVA afin d’inciter les consommateurs à l’achat.

Les solutions sociales et sociétales

  • Former et sensibiliser sur les impacts environnementaux du numérique

Exemple : Proposer des parcours de sensibilisation des enfants dès l’école primaire, intégrer les principes du numérique responsable aux formations diplômantes et cursus universitaires.

Proposer des formations gratuites au sein des organisations, sensibiliser les consommateurs aux bonnes pratiques d’usage via des campagnes de sensibilisation publiques et privées (opérateurs, équipementiers…).

  • Travailler sur la dimension sociétale du numérique

Exemple : Évaluer les enjeux environnementaux avant d’encourager la numérisation d’un secteur. Créer un observatoire critique du numérique en France pour observer les tendances et les comportements liés à la numérisation et la dé-numérisation.

Les solutions techniques

  • Harmoniser les méthodes d’évaluation de l’impact environnemental pour assurer la fiabilité des résultats

Exemple : Démocratiser le calcul de l’impact en rendant disponible (open-source) et compréhensible les méthodes de calcul. Intégrer obligatoirement les principes d’éco-conception lors de la création de nouveaux produits.

Les solutions économiques

  • Intégrer des critères environnementaux dans les stratégies des acteurs privés

Exemple : Créer des KPI pour mesurer la performance environnementale, intégrer des clauses environnementales dans les appels d’offres. Former les collaborateurs, managers et DSI aux enjeux environnementaux du numérique.

Pourquoi notre cerveau nous empêche d’atteindre la sobriété

Au-delà de ces aspects, notre cerveau est aussi la cause de notre non-action. Plusieurs biais nous poussent à ne rien changer à nos habitudes de consommation et à ne pas envisager la sobriété, numérique ou non.

  • La loi de proximité est bien connue chez les journalistes. C’est le principe suivant lequel les informations ont plus ou moins d’importance suivant leur proximité par rapport au lecteur.Autrement dit : vous aurez beau voir toutes les preuves pour vous pousser à changer (ex. : pollution due à l’extraction des minéraux en Afrique), tant que ça ne vous arrive pas personnellement ou près de chez vous.
  • Le biais de proximité quant à lui nous pousse à accorder moins d’importance aux évènements futurs qu’aux évènements proches.Autrement dit : Si le réchauffement climatique est dans 25 ans, rien n’est urgent. Si rien n’est urgent, il n’y a pas de raisons de s’en soucier tout de suite.
  • Le biais d’optimiste qui nous pousse à croire que tout va rentrer dans l’ordre naturellement ou que la technologie va réussir à nous sauver.
  • Le biais de confirmation et l’effet d’ancrage nous poussent à ne pas remettre en question nos croyances et à toujours chercher des réponses qui vont confirmer ce que nous savons déjà. À cause de cela, c’est difficile de changer d’avis.
  • Le biais de l’action unique nous amène à faire une bonne action pour la planète et à se déresponsabiliser du reste. Isabelle Richard, chercheuse en psychologie de l’environnement, nous donne un exemple du biais de l’action unique.“Un individu achète une voiture électrique, ce qui lui donne l’impression de faire une bonne action pour l’écologie. Mais il ne regarde plus ses kilométrages et prend beaucoup plus la voiture”
  • L’effet spectateur nous amène à rejeter la responsabilité de notre inaction sur les autres. “Pourquoi je ne pourrais pas changer mon téléphone au bout de 3 ans alors que les Français changent en moyenne tous les 2 ans ? Je fais déjà un effort non ?”Autrement dit, même si nous avons conscience du problème, nous n’allons pas agir, car pourquoi prendre la peine de faire des efforts quand d’autres font 100x pire ?
  • Le désir infini de nouvelles choses : Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, nous explique dans son livre “Le bug humain”, que le cerveau abrite un organe, coupable de l’inaction climatique, appelé “Le striatum”.“Au cœur du cerveau, présent chez la plupart des animaux. Il est très primitif et est programmé pour désirer en permanence de nouvelles choses”.Il est chargé d’envoyer de la dopamine (molécule du plaisir) en échange de comportements comme manger, boire, se reproduire, avoir un statut social élevé etc.

    Le problème est que ”la dopamine s’arrête rapidement et le striatum en veut toujours plus. Si la stimulation est la même, jour après jour, la sensation de plaisir faiblit”, ce qui nous pousse à toujours vouloir davantage, d’autant qu’aucun bouton stop n’est disponible et que nous sommes 8 millards à toujours en vouloir plus.

Sources :

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